Fernanda Sanchez Paredes à l'ancienne gare de Mouchan

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La gare de Mouchan

La gare de Mouchan est située à distance du village du même nom, en bordure de la Voie verte d’Armagnac qui relie Condom à Lagraulet du Gers. Cette voie verte a été réalisée sur une partie de l’ancienne ligne ferroviaire Condom-Riscle. Ouverte à l’exploitation dans sa totalité en 1893, cette ligne assurait le transport de marchandises et de voyageurs. Sa transformation en voie verte en a fait un mode de déplacement doux ouvert à tous.
Le lieu est un véritable havre de paix, situé au cœur du Pays d’Armagnac et de la partie du Gers dénommée « Ténarèze », du nom d’une voie antique qui permettait de joindre Bordeaux et l’Océan Atlantique aux Pyrénées centrales. Chemin de transhumance, cette route permettait de circuler sans franchir ni pont ni gué et suivait la ligne de partage des eaux entre le bassin de la Garonne et le bassin de l’Adour. « Ténarèze » est aussi de nos jours une des appellations de l’Armagnac.
La gare de Mouchan est le genre de lieu à l’atmosphère bucolique qui a fait dire que « le bonheur est dans le pré ».


 

Situé à 2 km de la gare, le charmant village de Mouchan abrite un joyau d’architecture romane : l’église Saint-Austrégésile, église romane classée Monument Historique, ancien prieuré clunisien reconstruit aux XIe et XIIe siècles sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle venant du Puy-en-Velay.

Cette église dépendait du prieuré clunisien de Saint-Orens d’Auch. Le plan est le suivant : un transept dissymétrique, une nef à deux travées et une abside de longueur sensiblement égale à la nef. La croisée du transept fut couverte d’une voûte nervée de forme et de structure fort originales.

Parmi les sculptures, certains sujets sont innovants ou traités d’une façon unique : tête très plate des lions figurés à l’arc d’entrée et à l’intérieur de l’absidiole, présence de serpents, aigles vus de face, rinceaux et pommes de pin déposés en décor courant, lions passants, quadri-feuilles dans des cercles entrelacés, sarcophage surmonté d’une croix, carillonneur assis sous un clocher, femme luxurieuse torturée par un serpent…

Fernanda Sanchez Paredes

La gare de Mouchan qui accueille l’œuvre de Fernanda Sanchez Paredes sur son royaume de l’itinérance douce est un jumelage, un pont, un dialogue entre deux pays, la France et le Mexique qui ont imprégné sa vie, de la jeunesse à l’âge adulte, de son lieu de naissance au lieu où elle a posé ses valises. La voie verte de l’Armagnac s’enrichit d’une vision magique et surprenante avec une vue spectaculaire réunissant deux continents, deux cimes, deux chaines de montagnes. La voie de l’ancienne voie ferrée, connexion pendant longtemps entre différentes gares, propose une halte entre un lieu A et un lieu B à la gare de Mouchan. Vu de vélo ou en footing, personne ne pourrait détecter que Fernanda a créée « un collage » de deux chaines de montagnes avec sept photos. C’est stupéfiant ! En passant, on dirait que c’est une image d’une seule chaine de montage. Comment sur une distance de 10 000 km, avec un océan au milieu, les roches peuvent se ressembler tant ?

Il faudrait s’arrêter, descendre de son vélo ou cesser de courir pour percevoir les détails de la mise en place du jeu visuel. Il n’y a pas de trucage, seulement une rencontre, entre deux mondes, deux continents, deux visions de paysages. Le spectateur est invité, en faisant des allers / retours entre les photos, à découvrir la beauté de chaque image. La balade par excellence d’une excursion en « slow motion » invitera à aller plus loin dans la découverte des trois autres sites des Chemins d’Art. 

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Grâce au thème de l’itinérance douce, l’artiste a inventé avec hardiesse, à travers son cheminement de vie, comment un parcours personnel peut se refléter dans une œuvre. La mise en abîme entre deux mondes, deux vies nous fait réfléchir sur la nôtre. Le dialogue entre la France et le Mexique, se trace sur une crête, une ligne, un horizon. Cette ligne de contact est le rail de train qui resurgit de temps en temps.

Entre le volcan « Xinantécatl » ou le « Nevado de Toluca » au Mexique et les collines du Tourmalet dans les Pyrénées il n’a pas seulement l’Atlantique, mais aussi une différence de 2 000 m d’altitude. Seulement Fernanda a pu, avec son regard de photographe, son œil d’aigle, son objectif, voir la liaison entre les deux cimes. Les montagnes ne sont pas simplement des montagnes, chacune d’elles a ses spécificités et sa noblesse, sa beauté et sa voix. Mais, curieusement, les formes et la couleur entre les cimes se correspondent et communiquent entre elles, en se donnant des réponses entre continents. Chaque photo en soi-même est une photo individuelle et unique. Aussi, les sept réunies se déploient en installation, en pont, en vision, l’œuvre prend sens dans un dialogue entre les mondes, entre les peuples et entre les paysages. C’est là la force de l’art. L’art contemporain a cette capacité de communiquer du sens, plus que devenir simplement image. Chacun et chacune est invité à la possibilité de voir, d’interpréter comme il / elle veut. Mais la présence du sens de l’œuvre reste dans nos mémoires, ancré pour toujours, comme un stimulus de réflexion.